du 4 au 13 septembre 2015
Objectifs :
- Faire le point sur l’amélioration de la qualité des appareillages réalisés dans l’atelier du camp de réfugié de Jénin.
- Faire le point sur les nouvelles machines mis à disposition par le Japon en 2014 et en expliquer/optimiser leur utilisation.
- Formation à la réalisation d’appareillage pour amputation partielle de pied (Transmétas, Lisfranc ou Chopart).
- Formation à la réalisation de coques moulées pour effondrement valgus du calcanéus important
- Conférence et atelier de sensibilisation des étudiants ergothérapeutes et kinésithérapeutes de l’université Arabe Américaine de Jénin.
- Définir les besoins sur le camp de réfugiés de Jalazone, proche de Ramallah.
Centre de réhabilitation du camp de réfugié de Jénin :
![Rapport de mission Palestine 1 Association Amani - Rapport de mission Palestine - Rapport de mission Palestine 01](https://assoamani.com/wp-content/uploads/2021/02/Rapport-de-mission-Palestine-01.jpg)
Evolution depuis la dernière visite : l’évolution est très favorable au niveau de l’atelier sur place : meilleure utilisation des matériaux de fabrication, nouvelles machines modernes mis à disposition par le Japon. Il est à noter que l’analyse podologique réalisée lors des consultations semble beaucoup plus pertinente. Le fait d’avoir amélioré l’éventail des prestations possibles en termes d’appareillage permet de mieux répondre à la demande. Il reste des lacunes sur certains appareillages spécifiques.
Nouvel atelier : le centre de rééducation a reçu l’année dernière un don matériel de la part d’une ONG japonaise. L’atelier est désormais équipé pour fabriquer tous les appareillages. Il ne leur manque que certains matériau qu’il est encore difficile de faire venir jusqu’en Palestine. Une solution est entrevue par l’intermédiaire d’un contact installé sur le territoire israélien, proche de Saint Jean d’Accre. Après une visite sur place, il s’avère que les responsables de cette société seront d’accord pour service de contact pour les commandes à venir.
Formation à la réalisation d’appareillages spécifiques : lors de la préparation de ce déplacement, les professionnels de santé sur place en avait fait la demande. Les patients ont donc été convoqués dès le premier jour afin que nous ayons le temps de détailler toutes les étapes de fabrications.
Patients vus : diabétiques avec amputations transmétatarsiennes courtes ou de Lisfranc, patients diabétiques avec plaie, et enfants avec effondrement valgus calcanéen important.
Au total, une quarantaine de patients ont été vus en consultation, et nous avons sélectionné six appareillages à faire ensemble. Sur les six cas, deux avaient été vus lors de la mission précédente mais nous n’avions pas eu le temps de réaliser les appareillages.
Concernant la fabrication des appareillages, ils ont été réalisés en binôme dans un premier temps, puis en autonomie totale par les techniciens de l’atelier du camp de réfugiés. Des photos ont été prises pour chaque étape de fabrication afin de faciliter la suite après mon départ.
Orthèse pour amputation et coques moulées pour effondrement valgus. Appareillages en court de fabrication.
Il est à noter qu’ici nous ne parlons pas de chaussures orthopédiques mais uniquement d’orthèses ou de semelles. En effet, de nombreux patients avaient déjà une paire de chaussures orthopédiques réalisées soit à Hébron, soit à Ramallah. Ces chaussures ne sont pas de mauvaise facture, elles sont simplement un peu lourdes en général. Leur problème principal est qu’elles ne possèdent pas d’orthèses plantaires adaptées aux différentes pathologies : pas de décharge pour les diabétiques, pas de matériaux de faible dureté shore (matériaux souples). J’ai donc pris le parti d’orienter la formation sur les plus gros besoins : la réalisation de l’interface pied / chaussure. L’autre souci est que, par manque de moyen, les patients ne font pas, ou très peu, de renouvellement de leurs chaussures, la plupart que j’ai pu voir étaient très abimées.
Chaussure portées depuis 5 ans, usées et déformées. Pas de semelles à l’intérieur malgré une plaie.
Atelier de sensibilisation auprès des étudiants : un atelier de sensibilisation a été proposé à un petit groupe d’étudiants en marge des consultations afin de leur expliquer les possibilités d’appareillage pour chaque grand type de pathologie qu’ils peuvent rencontrer durant leur exercice professionnel. Les échanges ont été très intéressants durant ces deux heures.
Prise de contact au camp de réfugiés de Jalazone : avant mon départ, la section de l’AFPS (Association France Palestine Solidaire) m’a contacté pour une évaluation des besoins en appareillages sur le camp. Aucun appareillage ne sera fait dans l’immédiat, mais cette première prise de contact était indispensable pour dresser un premier bilan et trouver des solutions à court terme.
Situation globale : 14000 personnes environ sont regroupées dans ce camp. La proportion de personnes souffrant d’un handicap m’était annoncée comme très importante par les élus par lesquels les premiers contacts ont été établis.
Matériel : le centre de réhabilitation est extrêmement bien équipé pour tout ce qui est kinésithérapie et ergothérapie. Au niveau de la podo orthèse et ortho prothèse, il ne faudra qu’une salle de prise de mesure et d’essayage, donc aucun souci. Une salle est d’ailleurs toute indiquée, avec point d’eau à proximité.
Patients vus : dans la matinée, une quinzaine de jeunes patients ont été vus. Il y a effectivement de gros besoin en termes d’appareillage, et rien n’est encore mis en place. Les cas vus étaient des déficits moteurs notamment liés des pathologies neuro type paralysie cérébrale, hémiparésie ou spina bifida. De nombreux cas de pieds plats valgus ont également été vus.
Des opportunités sont envisageables à court terme pour appareiller les patients en ayant besoin sur le camp. En effet, le centre de réhabilitation du camp de Jénin a signé un accord avec l’UNWRA (organisme des Nations Unis) permettant de faire bénéficier toute famille habitant un camp de réfugié, ou qu’il soit situé en Cisjordanie, d’une prise en charge financière de l’appareillage. Cette prise en charge s’élève à 70 % du prix de facturation habituellement. Il est à noter que la facturation par l’ONG de Jénin est calculée à prix coûtant.
Il me semble indispensable de mettre en place rapidement ce type de service à Jalazone. Les professionnels de santé sont tout à fait capables de s’occuper techniquement de tous les cas vus en consultations. Il faudra simplement optimiser les consultations puisqu’il y a deux heures de route entre les deux villes, quand tout va bien.
Bilan
La situation est très satisfaisante au niveau de l’atelier de Jénin. Des conseils seront donnés si besoin par e-consultations par la suite. Un passage pour faire le point en 2016 sera nécessaire, au printemps ou en septembre.
L’accord signé avec l’UNWRA est une très bonne chose, et permet de concentrer le savoir-faire en un même lieu. Tous les résidents de camps de la Cisjordanie pourront désormais profiter de ce service.
Il subsiste tout de même des problèmes de financement sur place ayant une double incidence : les salaires n’étant pas payés tous les mois, le personnel médical est tenté d’accepter un travail plus stable. Lorsque c’est le cas tout le savoir-faire est perdu.
Opportunité de mission à venir : aucun appareillage de podo orthèse n’est réalisé sur Gaza, il y a certainement des choses à faire, mais les problèmes de logistiques seront alors d’un autre niveau.
Comme à chaque fois, l’aventure humaine a été formidable, entre retrouvailles et nouvelles rencontres.
Pierre Durrmann, podo orthésite